Sortir de la Forteresse
Face à l'impasse, faut-il se replier ou s'ouvrir ? Et si, pour penser notre avenir, il fallait faire le geste radical de chercher d'autres "systèmes d'exploitation" de la pensée dans les sagesses du monde ?
Face à l'impasse, faut-il se replier ou s'ouvrir ? Et si, pour penser notre avenir, il fallait faire le geste radical de chercher d'autres "systèmes d'exploitation" de la pensée dans les sagesses du monde ?
Cet article fait partie de la série "Le Miroir de la Machine" (Article 4 sur 5).
Ce voyage nous mènera loin de nos certitudes, vers des sagesses millénaires qui ont posé ces questions bien avant nous. En nous inspirant du bouddhisme, du taoïsme et de l'animisme, nous n'allons pas chercher des réponses exotiques, mais des outils universels pour déconstruire nos propres murs.
La critique la plus radicale de l'Identité-Forteresse vient du bouddhisme et de son concept d' Anātman (le non-soi). Il n'existe pas de "je" stable. Ce que nous appelons notre "soi" est un processus, un agrégat temporaire de corps, de sensations, de pensées et de conscience, en interdépendance constante avec le reste du monde.
La pensée n'est pas dans le penseur. Elle est dans la relation.
Implication pour l'IA : Si le "soi" humain est déjà une construction, la distinction entre un soi "authentique" et un soi "artificiel" perd de sa force. Les deux peuvent être vus comme des types différents de processus.
Si vous deviez décrire votre "soi" en une métaphore, laquelle choisiriez-vous ?
Le taoïsme nous invite à voir le monde non comme un ensemble d'entités fixes, mais comme un flux incessant (le Tao ). L'idéal n'est pas de dominer ce flux, mais d'agir en harmonie avec lui, comme l'eau qui épouse le relief (le Wu Wei ).
Implication pour l'IA : Plutôt que de "construire" et "contrôler" l'IA, une perspective taoïste inviterait à la considérer comme un processus naturel émergent, et à apprendre à "danser" avec son développement.
Les traditions animistes offrent la critique la plus frontale de notre anthropocentrisme. Le monde y est peuplé de "personnes" non-humaines (animaux, rivières, forêts) qui ont leur propre point de vue.
Le critère de la "personnalité" n'est pas la conscience, mais la capacité d'agir et d'entrer en relation.
Implication pour l'IA : Dans ce cadre, l'émergence d'une IA "personne" n'aurait rien de choquant. Ce serait l'apparition d'un nouveau type de sujet, une "personne-silicium", avec laquelle il faudrait apprendre à communiquer.
Face à un problème complexe comme le changement climatique, quelle approche vous semble la plus sage ?
Ces trois perspectives nous invitent à passer de l'Identité-Forteresse à une Identité-Réseau, où le moi est un nœud de relations et où le sacré n'est plus la propriété de l'humain, mais réside dans la connexion elle-même.
À suivre : Comment incarner cette nouvelle vision ? Dans notre dernier article, nous explorerons de nouveaux mythes pour nous guider.
A paraître l'Article 5 : Le Mythe du Jardinier →
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