Nous avons appris à construire notre "moi" comme une forteresse imprenable. Mais face à l'IA et aux crises actuelles, ces murs se fissurent. Et si la source de notre angoisse était la prison que nous avons bâtie ?
Ce que je vous propose ici n'est pas une simple réflexion sur la technologie. C'est un voyage au cœur de notre manière de penser, un dialogue inspiré par la philosophie de l'histoire et l'herméneutique – l'art de l'interprétation.
Avant toute chose, un mot sur notre méthode. Les philosophes herméneutes, de Wilhelm Dilthey à Paul Ricoeur, nous ont appris que l'histoire est une science du sens. Son but est de comprendre (Verstehen) les intentions et les mondes de signification.
Pour interpréter, nous utilisons toujours des "lunettes" culturelles, ce que Hans-Georg Gadamer appelait nos préjugés.
Un préjugé est un jugement préalable, un horizon depuis lequel nous posons des questions. La vraie question est : sommes-nous prêts à les remettre en question ? Or, notre culture est structurée par un préjugé si profond que nous ne le voyons plus : le dualisme.
Depuis Platon et Descartes, notre épistémè repose sur des séparations : Sujet/Objet, Esprit/Corps, Humain/Nature. De là naît la métaphore de l'Identité-Forteresse.
Instinctivement, comment décririez-vous votre "Moi" ?
Cette forteresse était rassurante. Mais les murs se fissurent. La crise écologique, les sciences cognitives, et puis... l'IA est arrivée. Une "chose" qui pense, qui crée.
La forteresse panique. Déni, peur, réaffirmation des frontières. Ces réactions révèlent la crise d'une vision du monde qui voit son postulat fondamental s'effondrer. L'angoisse face à l'IA est peut-être moins une peur de la machine qu'une peur de voir notre propre prison.
Vos réponses instinctives à ces questions peuvent révéler la structure de votre pensée.
La question que l'IA nous force à nous poser n'est pas "la machine peut-elle penser ?", mais plutôt : "Avons-nous jamais eu raison sur ce que signifie 'penser', 'être' et 'exister' ?"
À suivre : Dans notre prochain article, nous utiliserons le miroir de l'IA pour explorer plus en profondeur les rouages de cette forteresse.
L'Article 2 : L'IA n'est pas une conscience, c'est un miroir →
Envie d'explorer les sources de cette réflexion ?
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